3e édition

Guide pratique de gestion des coopératives d’habitation

Développement Chapitre 4 / 7

Chapitre 26

Développement du milieu de vie

Évidemment, le but premier d’une coopérative d’habitation est de favoriser l’accès pour ses membres à des logements de qualité à un coût abordable. Au-delà de cette mission à caractère économique, une coopérative d’habitation devrait fournir aux personnes qui y résident un milieu de vie de qualité, enrichissant et sécuritaire.

Section 26.1

Développer le vivre-ensemble

Une coopérative d’habitation est une communauté d’individus qui partagent un milieu de vie et qui en assument ensemble la gestion et le développement. Développer le vivre-ensemble, c’est adopter des règles, mettre en place une culture et entreprendre des actions qui favorisent des relations harmonieuses et enrichissantes, dans le respect des différences entre individus et de la diversité des points de vue. Les valeurs coopératives et les principes qui en découlent devraient inspirer l’implantation de cette culture du vivre-ensemble.

Voici quelques exemples :

    • Adopter et promouvoir des normes de vie en coopérative : Avec des normes de vie bien définies, vous aurez les moyens de lutter contre toute forme d’incivilité, de comportements violents, de discrimination, etc. Ces normes de vie peuvent être incorporées dans le contrat de membre ou simplement affichées dans la salle communautaire. Une brève présentation lors de l’assemblée annuelle, l’envoi de communications aux membres ou l’affichage de ces règles de vie dans les espaces communs serviront de rappel pour les membresVoir la documentation pour un modèle d'affiche pour vivre ensemble en coopérative.
    • Favoriser l’entraide et l’altruisme : Valorisez le voisinage solidaire au sein de la coopérative. Un peu d’amabilité et des gestes simples pour rendre service à ses voisins vont positivement influencer le climat dans votre coopérative. Être bons voisins ne signifie pas nécessairement devenir des amis. Il s’agit simplement d’être solidaires et cordiaux les uns avec les autres. Pour des idées inspirantes, visitez le site Internet de Voisins solidaires.

Voisins solidaires

L’initiative Voisins solidaires permet à des communautés de développer différentes pratiques de bon voisinage. Inspiré d’une initiative française, le Réseau québécois de Villes et Villages en santé (maintenant Carrefour action municipale famille (CAMF)) lance la Fête des voisins au Québec en 2006. Quelques années plus tard, l’intérêt suscité par la Fête des voisins va donner naissance à l’initiative Voisins solidaires.

9 gestes simples pour devenir des voisins solidaires

  1. Saluer cordialement ses voisins. Un sourire ne fait de mal à personne!
  2. Transporter les courses d’une voisine plus âgée.
  3. Proposer de déneiger l’entrée de son voisin absent.
  4. Demander à sa voisine âgée si elle peut arroser les plantes et nourrir le chat en son absence. (Demande un service à un voisin contribue également à développer une culture de solidarité dans la coopérative.)
  5. Proposer à de jeunes parents essoufflés de garder leurs enfants pour un après-midi ou une soirée.
  6. Offrir à son voisin âgé qui vit seul de prendre une marche à l’occasion.
  7. Proposer à un voisin de reconduire les enfants à l’école en même temps que le nôtre.
  8. Offrir à un autre membre de la coopérative qui s’est cassé une jambe de le remplacer pour effectuer ses tâches.
  9. À l’arrivée d’un nouveau membre, prendre le temps de se présenter et de présenter d’autres membres (et voisins!).
    • Médiation citoyenne : Nous avons vu au chapitre 9 qu’il est possible d’adopter une approche proactive afin de réduire les risques de conflits et de les résoudre de manière positive. Mettre en place ou adhérer à un programme de médiation citoyenne constitue un exemple d’initiative pour mieux vivre ensemble. Pour en savoir plus sur la médiation citoyenne, consulter le site Internet d’Équijustice.
    • Politique concernant le harcèlement, l’intimidation et la maltraitanceVoir la documentation pour un modèle: En adoptant une telle politique, la coopérative envoie un message clair à tous ses membres : de tels comportements n’ont pas leur place dans votre coopérative. Cette initiative va de plus inciter les victimes à dénoncer de tels comportements.
    • Développer une culture de vigilance entre voisins : Il ne s’agit pas de se mettre à épier ses voisins! Être des voisins vigilants signifie plutôt se montrer attentifs aux situations anormales. Par exemple : le courrier s’accumule depuis quelques jours dans la boîte aux lettres de votre voisine âgée de 91 ans. Comme elle n’a pas l’habitude de voyager, frapper à sa porte ou s’informer auprès d’une de ses connaissances constituent de simples gestes pouvant permettre de déceler à temps un grave problème de santé. La coopérative peut également mettre en place un programme plus structuré de vigilance entre voisins, par l’entremise, par exemple, d’un comité de vigilance ou de soutien aux membres.
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Section 26.2

Développer la vie en coopérative par l’animation

L’organisation d’activités sociales, sportives, éducatives et culturelles contribue au développement de la coopérative de plusieurs façons :

    • Suscite la participation et l’implication;
    • Renforce le sentiment d’appartenance des membres;
    • Améliore la qualité de vie et la santé physique et mentale;
    • Contribue à rompre l’isolement.

Voici quelques exemples d’activités que votre coopérative pourrait organiser :

    • Une fête des voisins: Les membres de la coopérative et leur famille seront invités à cette fête organisée à l’extérieur. Et pourquoi ne pas inviter aussi les résidents des immeubles du voisinage ou encore lancer l’invitation aux membres d’une autre coopérative d’habitation située dans votre quartier?
    • Anniversaire ou autres événements à souligner : En plus des fêtes traditionnelles telles que Noël ou Halloween, profitez de différentes occasions (ex. : corvée saisonnière, arrivée de nouveaux membres) ou des anniversaires (ex. : 10e 30e ou 50e année d’existence de la coopérative ou xième année d’ancienneté d’un membre) pour vous réunir dans un contexte différent des assemblées, du conseil d’administration ou des comités de travail. Adaptez ces activités au profil et aux préférences de vos membres.

Vaincre l’isolement

Près de la moitié des logements coopératifs québécois sont occupés par une personne vivant seule. Environ le tiers des membres sont des personnes âgées de 65 ans et plus, qui habitent souvent seules. Briser l’isolement est l’affaire de tout le monde. Prenez le temps de discuter avec une personne qui vit l’isolement, mais incitez-la aussi à aller au-devant des autres membres.

Capsule vidéo
  • Vente-débarras ou vente de bric-à-brac : Profitez du ménage du printemps pour organiser une vente-débarras à laquelle tous les membres seront invités à participer. Les profits de la vente pourraient, par exemple, être versés à une œuvre caritative ou servir à financer d’autres activités sociales de la coopérative. Les réglementations municipales pour les ventes-débarras diffèrent d’une ville à l’autre. Beaucoup de municipalités laissent une grande liberté d’organisation aux vendeurs, mais certaines peuvent être plus restrictives. Vérifiez auprès de votre municipalité ou de votre arrondissement.
  • Activités physiques et sociales en groupe : Formez des groupes et invitez les membres à s’y inscrire pour la pratique d’activités physiques tels le vélo, la marche, la danse, des glissades hivernales, une partie de pétanque, des olympiades, etc. Organisez des excursions urbaines ou à l’extérieur de la ville, une chasse au trésor ou des jeux de société.
  • Activités culturelles : Certains de vos membres ont-ils des talents artistiques? Faites-les connaître et profitez-en. Par exemple, un artiste peintre se cache dans un logement de la coopérative. Mettez son talent en valeur en exposant ses toiles ou utilisez-les pour décorer les espaces communs. Autres exemples : mettez sur pied un club de lecture, profitez du talent vos membres musiciens pour animer une fête, etc.
  • Information citoyenne : Faites de vos membres des citoyens informés et vigilants. La coopérative peut, par exemple, profiter de l’assemblée annuelle ou de tout autre moment pour inviter une personne-ressource pour une séance d’information et d’échange sur divers sujets (ex. : la prévention de la cybercriminalité, l’alimentation saine, la gestion des finances personnelles, etc.). Un bulletin de liaison ou le compte Facebook de la coopérative constituent d’autres moyens de fournir à vos membres une information de qualité.
  • Créer des espaces positifs de partage : Utilisez les espaces communs intérieurs et extérieurs pour créer des espaces conviviaux favorisant l’échange et la socialisation. À l’intérieur : il peut s’agir, par exemple, d’un divan ou de fauteuils, d’une table basse et de quelques poufs dans la salle communautaire. À l’extérieur : un ou deux bancs de parc ou une balançoire dans la cour arrière. Une boîte de partage de livres (croque-livres) fournit un prétexte pour s’asseoir et discuter. Organisez des rencontres en visioconférence sur différents sujets.

Section 26.3

Développer par la solidarité

La solidarité et la prise en charge personnelle et mutuelle constituent des valeurs fondatrices de la coopération. Il ne s’agit évidemment pas pour la coopérative de se substituer à la mission de soutien des pouvoirs publics ni de vous improviser expert en service social. Cultivez plutôt la solidarité au sein de la coopérative, envers les membres qui se retrouvent en situation de vulnérabilité.

  • Aide aux ménages à faible revenu : Il existe plusieurs programmes gouvernementaux d’aide aux ménages à revenu modeste. Votre coopérative pourrait y avoir droit. Il est également possible pour une coopérative d’habitation de mettre en place un mécanisme d’aide, indépendant des programmes gouvernementaux. C’est ce que fait depuis plusieurs années la Coopérative d’habitation des Cantons de l’Est. Les membres de cette coopérative ont en effet choisi de créer un fonds permettant de fournir une aide financière temporaire sous forme de réduction de loyer, aux membres qui se retrouvent temporairement en difficulté (ex. : perte d’emploi, problème de santé, etc.).

Des organismes tels la Coalition des tables régionales d’organismes communautaires(CTROC)La CTROC est composée de 15 Tables régionales d’organismes communautaires, regroupant plus de 3 000 organismes communautaires autonomes répartis sur l’ensemble du Québec. Consulter le site internet pour trouver la table de votre région. peuvent vous aider à trouver différentes formes d’aide disponibles. Voir également le site Internet 211 de votre région pour trouver des informations sur les services communautaires, publics et parapublics.

  • Cuisine collective : Une cuisine collective peut prendre une forme plus ou moins structurée. Ainsi, un groupe de membres mettent en commun temps, argent et compétences pour préparer, par exemple dans un logement, des plats économiques, sains et appétissants qu’ils rapportent ensuite chez eux. La coopérative pourrait aussi mettre sur pied une cuisine collective dans son quartier ou se joindre à une cuisine collective existante.
  • Plateforme d’échange : Il s’agit de créer un lieu de partage où les membres peuvent donner et/ou acquérir des biens ou des services. Que ce soit une table, un escabeau, un gardien ou une gardienne, de l’aide pour aller faire l’épicerie ou une coupe de cheveux gratuite, le fonctionnement est simple et prend la forme d’un appel à tous (ou d’une offre à tous), sur un babillard, sur la page Facebook de la coopérative ou par l’envoi de courriels groupés. Le tout devrait normalement se faire sans impliquer de rémunération et sur le principe du « donnez au suivant ». De plus, on trouve dans plusieurs régions des Accorderies. Ces organismes ont pour mission de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale en utilisant l’échange de services et l’éducation par la coopération. Tout cela renforce les solidarités entre personnes d’âges, de sexes, de cultures et de revenus différents.
  • Aide et entraide aux devoirs : La réussite scolaire est un élément clé dans le développement des plus jeunes. Mais cela peut aussi représenter un grand défi pour une famille (manque de temps des parents, manque d’intérêt des enfants ou des adolescents, etc.). Pourquoi ne pas demander à des jeunes plus expérimentés ou ayant plus de facilité de venir en aide à ceux qui éprouvent des difficultés? La salle communautaire de la coopérative peut très bien, quelques heures par semaine, se transformer en un lieu d’entraide à l’apprentissage. Une enseignante ou un enseignant retraité membre de la coopérative pourrait aussi prêter main-forte.

Section 26.4

Développer avec et pour les personnes agées

Les personnes aînées représentent une clientèle importante au sein des coopératives d’habitation québécoises, tant par leur nombre que par leur implication dans leur coopérative et dans le Mouvement. Près d’un membre de coopérative d’habitation québécoise sur trois est en effet âgé de 65 ans et plus. Les 70 ans et plus représentent plus d’un ménage coopératif sur 10CQCH, 2019, Enquête sur le profil des résidents de coopératives d’habitation, Supplément no 1 : Portrait de certaines clientèles des coopératives d’habitation, 19 pages.. Plusieurs de ces personnes sont confrontées à divers défis : isolement, problèmes de santé, pauvreté, perte d’autonomie et de mobilité, etc.

Adapter l’offre de services pour répondre aux besoins de clientèles spécifiques comme les personnes aînées constitue une autre façon de développer votre coopérative. Dans le cas où celle-ci compte de plus en plus de membres âgés, deux approches de développement sont possibles : réaliser une nouvelle phase destinée aux aînés ou prendre des mesures visant à favoriser le maintien à domicile et la participation dans la coopérative de ces résidents plus âgés. Quelle que soit l’approche préconisée, assurez-vous d’impliquer les personnes concernées (les membres aînés) dans la démarche.

Développement d’une nouvelle phase

Comme nous l’avons vu au chapitre 24, il est possible pour une coopérative d’habitation de développer de nouveaux logements par une ou plusieurs phases successives. Réaliser un nouveau projet d’habitation destiné aux personnes aînées ou un projet d’habitation intergénérationnel représente une solution intéressante. Une priorité sur ces nouveaux logements pourrait être accordée aux personnes qui sont déjà membres et résidents de la coopérative.

Projet collectif pour aînés

On retrouve d’ailleurs plusieurs coopératives pour aînés qui, en plus des logements mieux adaptés aux besoins de cette clientèle, offrent très souvent des services tels des repas en salle à manger, des ascenseurs, une buanderie, une surveillance, des loisirs et activités sociales, de l’entretien ménager, etc. Dans la plupart des cas, ces coopératives ont été constituées en coopérative de solidarité en habitation.

Favoriser le maintien des aînés dans la coopérative

En général, les personnes aînées souhaitent demeurer le plus longtemps possible dans leur lieu d’habitation et dans leur milieu de vie. Ce constat s’applique également aux personnes qui vivent en coopérative. Il n’est évidemment pas réaliste de transformer un immeuble à logements standard en résidence pour aînés. Des mesures peuvent toutefois être adoptées afin de favoriser le maintien des membres aînés dans la coopérative ainsi que la poursuite de leur participation.

Programmes et services

Adaptation des immeubles et des logements

La coopérative pourrait décider de réserver aux personnes aînées certains des logements situés aux étages inférieurs.

Les membres de la coopérative peuvent également décider d’entreprendre divers travaux visant l’accessibilité de l’immeuble et de certains logements, par exemple :

  • Construction d’une rampe d’accès extérieure;
  • Élargissement et remplacement des portes extérieures;
  • Élargissement des cadres de porte intérieurs;
  • Dégagement de l’espace sous un évier et/ou un lavabo;
  • Abaissement des interrupteurs, des prises de courant et des thermostats;
  • Installation de barres d’appui dans la salle de bain;
  • Construction de douches sans seuil.

Des aides financières existent pour l’adaptation des immeubles et des logements pour les aînés ou pour toute autre personne à mobilité réduite dont le programme d’adaptation de domicile (PAD) de la Société d’habitation du Québec (SHQ). Pour en savoir plus, communiquez avec votre fédération.

Le PAD

Services liés au maintien à domicile

La coopérative peut informer les personnes aînées sur les services existants et soutenir ces dernières dans différentes démarches.

De nombreux services visant à favoriser le maintien à domicile sont offerts aux personnes aînées, certains par les CLSC, d’autres par des entreprises d’économie sociale ou des organismes communautaires. Dans la plupart des cas, ces services sont gratuits ou des programmes d’aide financière existent.

Les services de soutien à domicile offerts par les CLSC visent à aider des personnes en perte d’autonomie ou ayant un handicap physique ou une déficience intellectuelle. Ces services regroupent :

  • Les soins et les services professionnels (ex. : soins infirmiers, services de nutrition, services psychosociaux, gériatrie, etc.);
  • Les services d’aide à domicile (ex. : soins d’hygiène, entretien ménager, préparation des repas, aide pour établir un budget ou pour remplir des formulaires, etc.);
  • Le soutien technique (ex. : l’attribution de fournitures médicales et spécialisées, d’équipements et d’aides techniques nécessaires pour permettre à une personne de demeurer à son domicile, etc.).
Trouver un CLSC

Par ailleurs, on retrouve au Québec une centaine d’entreprises d’économie sociale en aide à domicile (EÉSAD), réparties sur l’ensemble du territoire. Les EÉSAD sont des coopératives et des OSBL qui offrent divers services favorisant le maintien à domicile, par exemple :

  • Entretien ménager léger et grand ménage;
  • Préparation des repas;
  • Lessive et entretien des vêtements;
  • Présence et surveillance, accompagnement lors de rendez-vous médicaux;
  • Courses diverses.

Certaines EÉSAD offrent également des services d’assistance personnelle (ex. : aide pour les soins d’hygiène, la médication, l’alimentation, l’habillement, le déplacement, etc.).

Capsule vidéo

Puisque les EÉSAD sont à but non lucratif, les tarifs facturés sont abordables. De plus, le gouvernement du Québec offre une aide financière via le Programme d’exonération financière pour les services d’aide domestique.

Pour en savoir plus les EÉSAD, visiter le site Aidechezsoi.com.

Adapter la participation

La participation des membres constitue une des pierres angulaires de la formule coopérative, particulièrement dans le secteur de l’habitationPour en savoir plus sur la participation, consulter le chapitre 8 .

Ce n’est pas parce qu’un membre est plus âgé qu’il ne devrait plus être en mesure de contribuer à la réussite de sa coopérative. La participation de chaque membre doit cependant tenir compte des contraintes auxquelles il est confronté. Dans le cas d’une personne aînée, la coopérative devrait prendre en compte non pas l’âge de la personne, mais plutôt :

  • Son état de santé général;
  • S’il y a lieu ses limitations physiques;
  • Ses intérêts et ses talents.

Le maintien de la participation des aînés aux activités de la coopérative est profitable évidemment pour la coopérative, mais aussi pour les aînés eux-mêmes. En effet, l’implication de ces derniers dans les activités de la coopérative va permettre de rompre ou d’éviter l’isolement et de préserver ou même d’améliorer leur santé physique et mentale.


Section 26.5

Développer la coopérative avec le soutien communautaire

Les résidents des coopératives d’habitation présentent parfois des besoins qui dépassent les responsabilités et les capacités de la coopérative. Dans le contexte actuel des coopératives d’habitation, les besoins en matière de soutien communautaire sont souvent rattachés à la perte d’autonomie causée par le vieillissement, mais pas uniquement. D’autres causes liées à la clientèle desservie ou à une partie de celle-ci (ex. : problèmes de santé mentale, d’intégration sociale, etc.) ou encore à des situations particulières (ex. : conflits sociaux, raciaux ou culturels, violence, harcèlement, intimidation, etc.) peuvent inciter les coopératives d’habitation à avoir recours à une aide extérieure.

Qu’est-ce que le soutien communautaire?

Le soutien communautaire recouvre un ensemble d’actions qui peuvent aller de l’accueil à la référence, en passant par l’accompagnement auprès de services publics, la gestion des conflits entre locataires, l’intervention en situation de crise, l’intervention psychosociale, etc. Les organismes et les personnes qui interviennent en soutien communautaire vont accompagner la coopérative afin d’améliorer les conditions de vie des résidents et de favoriser leur autonomie. Les interventions peuvent également viser à soutenir la participation de ces personnes à la vie associative.

Dans le contexte d’une coopérative d’habitation, on peut affirmer que le soutien communautaire fait en quelque sorte la jonction entre les interventions traditionnelles des fédérations sur les plans associatif et immobilier ainsi que les interventions de l’État en matière de santé et de services sociaux. Voici quelques exemples d’interventions possibles en soutien communautaire :

  • Écoute, accompagnement et référence : L’intervenant en soutien communautaire fournit des références ou dirige les résidents vers différentes ressources (ex. : CLSC, organismes d’aide à domicile, programmes d’aide financière, etc.). La personne-ressource peut également soutenir les résidents dans différentes démarches (ex. : planification et préparation avant un rendez-vous stressant, aide à remplir des formulaires, etc.). L’accompagnement peut aussi prendre la forme d’une écoute active ou et de transmission d’outils favorisant l’autonomie. L’intervenant peut aussi veiller à dépister différents problèmes (ex. : violence physique ou psychologique, perte d’autonomie, démence, etc.) et à référer vers des ressources spécialisées.
  • Soutien à la gestion de crise : Le soutien à la gestion de crise peut s’appliquer dans des contextes divers, par exemple, dans le cadre d’un conflit non résolu, de situations découlant de défis de santé mentale, de troubles du comportement, d’intoxication, de la commission d’un acte criminel ou encore d’un deuil, d’une perte d’emploi ou d’un sinistre tel un incendie, etc. Le soutien communautaire permet d’apaiser la crise et d’accompagner la coopérative dans la recherche de solutions et de ressources.
  • Sécurité : Il existe différents programmes ou activités visant à augmenter le sentiment de sécurité des résidents, à susciter l’entraide, le bon voisinage et la vigilance entre les membres. Plusieurs formules existent, par exemple, des tournées quotidiennes des étages par des membres, avec affichettes aux portes, ou encore l’aide d’un résident bénévole en l’absence de ressources rémunérées. N’oubliez pas d’inclure, s’il y a lieu, dans le budget de la coopérative, les sommes permettant de financer la mise en place de tels programmes.
Guide de prévoyance : ensemble pour notre sécurité
  • Loisirs et activités socioculturelles : Le soutien communautaire peut aider, supporter et outiller une coopérative qui souhaite organiser différentes activités sportives (ex. : club de marche, jeu de pétanque, etc.), sociales (soirée de danse, bingo, etc.) et culturelles (visite dans les musées, soirées théâtre, etc.). Ce type d’activités est susceptible d’améliorer la santé physique et mentale des résidents et de rompre l’isolement.
  • Éducation populaire : Le soutien communautaire peut prendre la forme d’activités d’information ou de formation (autres que celles en lien avec la gestion de la coopérative) destinées aux résidents. Ces activités d’éducation populaire portent sur des sujets susceptibles de favoriser leur mieux-être et, plus ou moins directement, le maintien de leur autonomie (ex. : sécurité, prévention des chutes, respect des droits des personnes, protection contre les abus, l’âgisme et la violence, promotion de saines habitudes de vie, développement d’habiletés liées à l’informatique et Internet, etc.).
Ainé-Avisé
  • Prévention et référence pour le règlement des conflits : L’intervenant en soutien communautaire peut aider la coopérative à mettre en place des mécanismes pour favoriser le vivre-ensemble (ex. : formations, conférences) ou encore peut référer à différents services ou pratiques visant le règlement des conflits entre les résidents (ex. : ressource externe en médiation).
  • Alimentation : L’intervenant peu guider les membres dans la mise en place de certaines activités rattachées à l’alimentation peuvent être considérées comme du soutien communautaire (ex. : cours de cuisine, information sur une saine alimentation répondant aux besoins des personnes aînées, cuisines collectives, etc.).

Ce que n’est pas le soutien communautaire 

Le soutien communautaire en logement social et abordable ne remplace pas les interventions de l’État ou du milieu afin de répondre à l’ensemble des besoins des résidents. Il intervient en complémentarité et en continuité de celles-ci, dans une approche plus collective qu’individuelle. Le soutien communautaire en habitation ne fournit pas aux résidents :

  • Des soins de santé tels des soins médicaux ou infirmiers, des services de préposés aux bénéficiaires, etc., lesquels sont généralement fournis par les CLSC ou autres établissements de santé;
  • Des services individuels de soutien à domicile tels que l’aide à la personne (ex. : hygiène personnelle, aide au lever et à l’habillement, etc.) et l’entretien domestique, qui sont fournis par les CLSC, par des entreprises d’économie sociale en aide à domicile (EÉSAD) (coop et OSBL) ou par le secteur privé.

Qui est en mesure d’aider la coopérative?

Votre coopérative souhaite soutenir ses membres, mais a besoin d’aide pour y parvenir; ou encore votre coopérative a un projet en lien avec le soutien communautaire? Différentes ressources sont accessibles :

  • Vous pouvez communiquer avec le Centre local de services communautaires (CLSC) situé dans votre secteur. Il sera en mesure de vous guider dans votre démarche.
Trouver un CLSC
  • Différents organismes communautaires offrant des services en lien avec le soutien communautaire existent. Pour accéder à un répertoire d’organismes communautaires, utiliser un moteur de recherche Internet (ex. : Google, Bing, etc.), rechercher 211 et ajouter le nom de votre région.
  • Plusieurs fédérations de coopératives d’habitation ont développé une offre de services en soutien communautaire. Communiquer avec votre fédération pour en savoir plus sur l’aide qu’elle peut vous apporter et sur les ressources financières disponibles pour votre projet en soutien communautaire. La ligne Info-sociale (811) ou le site Internet 211 de votre région (information sur les services communautaires, publics et parapublics) représentent également des ressources auxquelles vous pouvez vous adresser.

POUR EN SAVOIR UN PEU PLUS …

Bruno Dion (Fédération régionale des OSBL en habitation de Québec, Chaudière-Appalaches), 2019, Le soutien communautaire en logement social et communautaire pour les aînés, 20 pages.

Communauté métropolitaine de Montréal, 2012, Répertoire des bonnes pratiques, Le soutien communautaire et l’aide à la personne en logement social et abordable, 130 pages.

Confédération québécoise des coopératives d’habitation, 2009, Bien vieillir en coopérative d’habitation – Guide d’accompagnement pour le soutien à l’autonomie des membres aînés, 86 pages.

Confédération québécoise des coopératives d’habitation, 2009, Évaluation des possibilités pour les coopératives d’habitation de maintenir une personne âgée en perte d’autonomie dans son logement, 52 pages.

Confédération québécoise des coopératives d’habitation, 2013, Les coopératives de solidarité en habitation pour aînés au Québec, Les cahiers de l’ARUC-DTC, série Recherche, numéro 12, 96 pages.

Confédération québécoise des coopératives d’habitation, 2019, Enquête sur le profil socioéconomique des résidents de coopératives d’habitation – 2017, 95 pages.

Gaston Michaud, 2020, Projets collectifs d’habitations pour aînés, On ne transplante pas un vieil arbre.

Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et Société d’habitation du Québec (SHQ), 2007, Cadre de référence sur le soutien communautaire en logement social, Une intervention intersectorielle des réseaux de la santé et des services sociaux et de l’habitation, 53 pages.

Regroupement des offices d’habitation du Québec (ROHQ), LA RIS 2018 : le rendez-vous des acteurs du soutien communautaire en HLM, Mobilise-toit, Le bulletin de liaison des intervenants sociocommunautaires et HLM.

Société d’habitation du Québec (SHQ), 2013, Un logis bien pensé j’y vis, j’y reste! guide de rénovation pour rendre un logis accessible et adaptable, 32 pages.

CHAPITRE 25

Regroupement et fusion de coopératives d’habitation

CHAPITRE 27

Se développer avec d’autres coopératives