3e édition

Guide pratique de gestion des coopératives d’habitation


Chapitre 29
Développer de bonnes pratiques en matière d’environnement

Section 29.5

Thématiques d’intervention

Afin de contribuer à la protection de l’environnement, votre coopérative et ses membres peuvent faire des choix et adopter des pratiques touchant plusieurs domaines.

29.5.1 - Réduire la consommation d’énergie

La consommation d’énergie dans les espaces communs et les logements contribue pour une large part à l’impact qu’ont les coopératives d’habitation et leurs membres sur l’environnement. Il est possible et rentable de réduire votre consommation d’énergie en modifiant vos comportements et en rendant vos bâtiments et vos logements plus performants sur le plan énergétique.

La réduction de la consommation d’énergie contribue à :

  • Réduire l’empreinte écologique de la coopérative;
  • Diminuer l’émission de gaz à effet de serre;
  • Réaliser des économies.

Il est possible de réduire la consommation d’énergie en :

  • Améliorant la performance énergétique des bâtiments (ex. : réduction des fuites d’air par une meilleure isolation, installation de fenêtres plus performantes, amélioration de la ventilation, etc.);
  • Utilisant des équipements, appareils et fournitures plus performants (ex. : chauffe-eau, électroménagers, ampoules DEL, échangeurs d’air, etc.);
  • En adoptant des pratiques et des comportements susceptibles d’entraîner des économies d’énergie (ex. : transférer les coûts de chauffage aux locataires, réduire la température des thermostats, optimiser l’utilisation des climatiseurs, aérer régulièrement les logements, etc.).

Économiser l’énergie, c’est payant

En réduisant votre consommation d’énergie, vous permettez à la coopérative et à ses membres de faire des économies chaque mois. C’est doublement payant, car plusieurs programmes d’aide financière existent pour vous permettre d’entreprendre ce virage (voir l’encadré ci-dessous).

Ressources

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Aide financière

29.5.2 - Consommer moins d’eau

Pourquoi consommer moins d’eau?

L’eau douce n’est pas une ressource inépuisable; 97,5 % de l’eau est salée et seulement 2,5 % est douce. Chaque québécois consomme en moyenne 424 litres d’eau par année. C’est deux fois plus que les Européens et presque 20 % de plus que la moyenne canadienne. La consommation excessive d’eau a des impacts environnementaux et engendre des coûts élevés pour les infrastructures municipales et pour les ménages.

De plus, le traitement des eaux usées représente une dépense d’argent et d’énergie considérable qui doit être assumée par votre municipalité et donc, en fin de compte, par vous-même.

Comment économiser l’eau

  • Utilisez des équipements et des électroménagers économes en eau (pommes de douche à débit réduit, robinets avec aérateur, toilette à débit réduit, coupe volume pour le réservoir de la toilette, modèles homologués économie d’énergie lors du remplacement des laveuse/sécheuse ou du lave-vaisselle, etc.);
  • Modifiez vos comportements de manière à réduire votre consommation d’eau dans la salle de bain (ex. : prendre une douche plutôt qu’un bain, fermer l’eau lors du brossage de dents ou du lavage des mains, faire la lessive à l’eau froide, etc.), dans la cuisine (ex. : éviter de rincer inutilement la vaisselle avant de la mettre dans le lave-vaisselle, attendre que le lave-vaisselle soit plein avant de le mettre en marche) et à l’extérieur (ex. : faire nettoyer sa voiture au lave-auto plutôt que de la laver au boyau d’arrosage, garder sa piscine couverte en dehors des périodes d’utilisation, pour éviter l’évaporation d’eau, arroser la pelouse manuellement (plutôt que d’utiliser des gicleurs) et à la tombée du jour pour éviter l’évaporation, nettoyer le stationnement avec un balai);
  • Éliminer les fuites d’eau (ex. : réparer sans tarder les robinets et les toilettes qui fuient);
  • Récupérer l’eau de pluie pour l’arrosage.

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Aide financière

29.5.3 - Produire moins de déchets

Les déchets que nous rejetons contribuent au réchauffement de la planète, polluent l’air, l’eau et le sol, et par le fait même, leur accumulation participe de la réduction des ressources naturelles auxquelles nous avons accès. La production de déchets a des impacts économiques, sociaux et environnementaux importants.

En réduisant la quantité de matières résiduelles, votre coopérative et ses membres contribuent à :

  • Réduire les gaz à effet de serre;
  • Protéger les océans;
  • Économiser les ressources.

La stratégie des 5R +

Afin de réduire la quantité de matière résiduelle produite dans la coopérative, adoptez la stratégie des 5R + :

  • Refuser : Dire non à la publicité dans sa boîte aux lettres, non aux échantillons gratuits, non aux sacs en plastique, non à la tasse en plastique ou en carton, etc.
  • Réduire sa consommation : Avant d’acheter un bien, il faut se demander si on en a vraiment besoin. Chaque achat que l’on fait engendre de nouvelles extractions de ressources, de transports aériens ou maritimes sans compter le travail fourni pour produire ce que nous achetons.
  • Réutiliser : Pourquoi ne pas acheter des produits que l’on peut réutiliser?
  • Réparer : La réparation contribue au prolongement de la durée de vie des produits et participe ainsi de la réduction des consommations de ressources et de la réduction de la production des déchets, dans le cadre d’une économie circulaire.
  • Recycler : Il est important de pouvoir recycler les matières en vue de leur réinsertion dans le cycle de production. Apprenez à bien le faire et n’oubliez pas que certains produits (peintures, batteries, produits électroniques, etc.) doivent spécifiquement être apportés dans des écocentres ou points de collecte et non dans votre bac vert!
  • Composter : Il ne faut pas jeter ses déchets organiques à la poubelle! Une fois sur le site d’enfouissement, ils dégagent une grande quantité de méthane. Renseignez-vous sur les solutions de compostage proposées près de chez vous.

En plus de contribuer à préserver l’environnement, ces mesures entraînent des économies pour la société (ex. : coût du traitement des matières résiduelles) et pour les individus (ex. : la réparation et la réutilisation au lieu de l’achat de biens neufs).

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29.5.4 - Verdir la coop en aménageant un toit végétalisé

En milieu urbain, le manque de végétation fait croître – en quantité et en intensité – divers problèmes environnementaux tels les îlots de chaleur, la pollution atmosphérique, etc. En aménageant un toit végétalisé (toit vert), votre coopérative contribue à :

  • Capter des gaz à effet de serre;
  • Retenir les eaux de pluie;
  • Accroître le confort des résidents;
  • Réaliser des économies sur le chauffage et la climatisation;
  • Augmenter la durée de vie de la toiture et de la membrane, par le blocage des rayons UV;
  • Améliorer la qualité du milieu de vie;
  • Créer ou renforcer les liens entre les membres;
  • Offrir un site intéressant pour l’agriculture urbaine;
  • Retarder la propagation du feu de l’immeuble au toit et vice versa.

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29.5.5 - Devenir agriculteur urbain

Depuis les années 1970, on assiste à l’émergence de mouvements citoyens qui militent en faveur de la réappropriation des espaces urbains par les citoyens pour leur permettre de cultiver leurs propres aliments et de se rassembler. Cette effervescence a permis le déploiement de nombreux jardins collectifs et communautaires ainsi que le développement de potagers urbains répondant notamment à des problématiques en matière d’insécurité alimentaire, de bétonisation des quartiers de même que de perte d’espaces publics et collectifs.

Bénéfices découlant de l’agriculture urbaine

La pratique de l’agriculture urbaine, sous une forme ou une autre, favorise :

  • L’embellissement du quartier : transformation d’espaces inesthétiques en espaces verts et horticoles;
  • La protection de l’environnement :
    • Réduction des îlots de chaleur,
    • Absorption des eaux pluviales,
    • Maintien d’une certaine biodiversité,
    • Recyclage de la matière organique grâce au compostage;
  • L’autonomie alimentaire : préparation d’aliments par les citadins pour leur consommation personnelle;
  • La socialisation : établissement et développement des relations sociales et communautaires dans la coopérative par l’entremise d’une activité peu coûteuse et productive;
  • L’éducation : sensibilisation des membres aux réalités des activités agricoles et découverte des particularités des aliments.

Diverses formes d’agriculture urbaine

L’agriculture urbaine au sein de la coopérative peut prendre diverses formes selon la localisation de votre coopérative et les intérêts des membres :

  • Jardin collectif;
  • Potager sur le balcon;
  • Plantation d’arbres fruitiers;
  • Culture de fruits, de légumes et de fines herbes;
  • Plantes grimpantes comestibles;
  • Apiculture urbaine;
  • Élevage de poules en ville.

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29.5.6 - Se déplacer de façon durable

Les transports contribuent à près de la moitié de notre empreinte environnementale! Par ailleurs, en milieu urbain, l’utilisation individuelle des véhicules automobiles engendre de nombreux inconvénients : problèmes de circulation, bruit lié à la circulation automobile, pollution de l’air, etc. Enfin, l’utilisation de véhicules automobiles accroît la sédentarité avec les problèmes de santé que cela entraîne (ex. : problèmes cardiovasculaires, surcroît de stress, surpoids, etc.).

Des avantages pour la planète, notre collectivité et nos membres

Ce que permet la mobilité durable à la société et à votre communauté :

  • Réduire la consommation d’énergie et l’émission des gaz à effet de serre;
  • Améliorer la qualité de l’air;
  • Réduire le bruit lié à la circulation.

Le transport actif procure divers avantages pour les individus :

  • L’amélioration de l’état de santé et de la forme physique;
  • Un mieux-être physique et psychologique;
  • Des économies.

Actions à entreprendre par la coopérative

Plusieurs actions peuvent être entreprises par votre coopérative pour favoriser la mobilité durable et le transport actif, par exemple :

  • Par divers moyens de communication, sensibiliser et informer vos membres sur les impacts positifs de la mobilité durable et sur les avantages du transport actif (article dans le bulletin de liaison, information via les médias sociaux, séance d’information, etc.);
  • Fournir aux membres des incitatifs pour utiliser le transport en commun ou pratiquer une forme ou une autre de transport actif (ex. : rabais sur les titres de transport en commun, aménagement d’espaces pour le stationnement ou le rangement des vélos, etc.);
  • Favoriser le covoiturage entre les membres (ex. : utilisation des médias sociaux, liste de personnes intéressées et des trajets, etc.);
  • Promouvoir l’autopartage et l’utilisation de véhicules en libre-service auprès de vos membres et, pourquoi pas, offrir un espace de stationnement excédentaire à une entreprise qui offre des véhicules en libre-service;
  • Inciter les membres à privilégier l’achat d’un véhicule électrique en installant une ou plusieurs bornes de recharge;
  • Lors de la réalisation d’une nouvelle phase (Chapitre 24), prioriser une localisation qui facilite l’accès aux transports collectifs et actifs (proximité d’une ligne de métro, d’un circuit d’autobus, d’une piste cyclable, de commerces et services).

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Aide financière

29.5.7 - Acheter de manière écoresponsable

Faire un achat écoresponsable, c’est tenir compte des effets sociaux, environnementaux et économiques des produits et des services tout au long de leur cycle de vie, c’est-à-dire de leur conception à leur élimination.

Il est possible pour votre coopérative d’adopter des pratiques d’approvisionnement responsable et d’inciter vos membres à être plus écoresponsables dans leurs propres achats. Par exemple :

  • Favoriser l’achat de produits locaux auprès de fournisseurs locaux;
  • Acheter auprès de coopératives et d’autres entreprises d’économie sociale;
  • Acheter auprès de fournisseurs respectueux de l’environnement;
  • Éviter l’achat de produits suremballés;
  • Gérer l’achat de provisions pour éviter le gaspillage;
  • Choisir l’eau du robinet plutôt que l’eau embouteillée;
  • Utiliser des produits biologiques;
  • Favoriser le commerce équitable;
  • Acheter des produits recyclés, recyclables, durables et réparables.

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29.5.8 - Compenser nos émissions de gaz à effet de serre

Votre coopérative et ses membres ont fait d’importants efforts pour changer leurs pratiques et leurs comportements. Quoi faire de plus pour réduire encore davantage votre empreinte environnementale? Sachez qu’il est possible de compenser la pollution restante.

Comment cela est-il possible?

La compensation des GES est basée sur le principe qu’une quantité donnée de GES émise en un endroit peut être « compensée » par la réduction ou la séquestration d’une quantité équivalente de GES ailleurs dans le monde. Un acheteur paie une organisation pour qu’elle réduise en son nom les émissions de GES en investissant dans des projets de compensation. On peut ainsi compenser l’émission de GES générer par des activités telles :

  • Les vols d’avion (voyages par affaire ou par loisir) ou déplacements divers en transport motorisé;
  • La tenue d’événements divers (assemblées, conférences, mariages, etc.)
  • L’utilisation du chauffage et de l’électricité;
  • L’achat, utilisation, consommation, recyclage et enfouissement des biens et des matériaux (vêtements, meubles, etc.).

Une solution : planter des arbres

Les humains, comme tous les animaux, ont besoin pour vivre de respirer de l’oxygène. En expirant, nous rejetons du gaz carbonique (CO2). Les végétaux, notamment les arbres, font l’inverse : ils absorbent du CO2 et rejettent de l’oxygène. Comme tout le monde le sait maintenant, le CO2 est l’un des principaux gaz à effet de serre qui causent le réchauffement climatique. Donc, en plantant des arbres, vous contribuez à capter des gaz à effet de serre, ce qui vient ainsi compenser ceux qui ont été émis par vos activités.

Il est évidemment possible de planter soi-même des arbres sur la propriété de la coopérative. Mais cette approche a des limites! Plusieurs municipalités organisent ou soutiennent des activités collectives de plantation d’arbres. Votre coopérative pourrait y participer. Enfin, plusieurs organismes proposent au public et aux entreprises de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre. Typiquement, cela fonctionne comme suit : Vous payer l’organisme qui s’engage à compenser vos émissions. Si ce que vous souhaitez est qu’un organisme plante des arbres pour compenser vos émissions de GES, assurez-vous que celui avec qui vous faites affaire le fait vraiment.

Ressources

Information

Organismes québécois qui compensent l’émission de GES :